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MARCELLAZ-ALBANAIS

Le Château de Pieuillet

Situé entre les villages de Marcellaz et Sales, le château de Pieuillet occupe le revers occidental d'un coteau qui domine la plaine de Rumilly.

Le château de Pieuillet est une aimable résidence qui se compose d'un corps de logis rectangulaire à deux étages avec tous ses appareils de pierre. La façade est encadrée par deux tours carrées, avec une chapelle au niveau supérieur de la tour nord.

A la fin du 16ème siècle, la maison-forte et le domaine de Pieuillet appartiennent à noble Philippe Critain, seigneur de Montregard (Thônes). Par contrat dotal du 7 septembre 1572, il épouse Demoiselle Philippine de Juge, native de Rumilly. Son fils François Critain de Montregard vend le 27 juin 1617 à son cousin François de Juge, avocat au Sénat de Savoie, les maisons et domaines de Pieuillet (Marcellaz) et Broise (Rumilly).

Le château de Pieuillet alors devient la demeure de la famille Juge.

Armes de la famille de Juge de Pieuillet

Cette famille, établie à Rumilly dès le 14ème siècle, avait été anoblie en 1498 et au XVIe siècle, Pierre Juge est conseiller du duc Emmanuel-Philibert et juge-mage de Savoie. En 1650, Philiberte de Juge, veuve du conseiller d'Etat Amblard de Vidomne de Novéry, fonde le collège de Rumilly.
La branche de cette famille qui s'installe à Pieuillet descend de Maurice de Juge, qui fut nommé en 1604, capitaine et châtelain de la ville de Rumilly. C'est son fils François de Juge qui achète en 1617 le domaine de Pieuillet, pour lequel il doit encore 3000 florins en 1619.
En 1763, noble Jean-Denis de Juge, syndic de la ville de Rumilly, porte le titre de seigneur de Pieuillet, et ses descendants porteront le nom de Juge de Pieuillet.
Son fils, Jean-Joseph de Juge de Pieuillet, substitut avocat général, est le père des deux suivants :
Né en 1797, Auguste de Juge de Pieuillet fait une brillante carrière de magistrat. Juge-mage à Bonneville, puis à Annecy. il entre au Sénat de Savoie en 1840 et devient directeur des Etudes pour le duché de Savoie en 1852. Lors de l'annexion de la Savoie à la France, en 1860, il est nommé président honoraire de la Cour d'Appel créée à Chambéry. Mais Auguste Juge est surtout connu pour ses talents littéraires. Son poème sur Le lac de Genève lui vaut l'admiration de Lamartine qui patronne son recueil des Inspirations religieuses. Le volumineux recueil de fables qu'il publie en 1853, Le Fabuliste des Alpes, lui vaut les félicitations de Théophile Gautier. Il meurt au château de Pieuillet en 1863.
Son frère François de Juge de Pieuillet, né en 1799, se révèle un administrateur de grande classe. Sous-intendant du Genevois, puis de Savoie propre, il est nommé intendant de la province de Bobbio en 1827. Il y fait construire la route reliant Bobbio à Tortona et Voghera. Après un bref passage à la tête de l'intendance de Carouge, il devient intendant d'Oneglia où il fait construire la route de Borgomaro, appelée Strada di Juge, puis, de 1834 à 1841 il est intendant général de Sardaigne. Il y développe les communications et les liaisons maritimes, assainit les terres marécageuses, fait naître l'industrie et met en place une grande réforme agraire en instaurant le rachat des terres soumises au régime féodal. Il est ensuite appelé à faire partie du Gouvernement à Turin, comme ministre des Affaires Sardes, jusqu'à la suppression de ce ministère. Il meurt en 1856 au château de Pieuillet.
Le fils de François, Charles de Juge de Pieuillet s'éteint au château de Pieuillet en 1893 sans postérité et sa veuve Clémentine de Chessel en 1917.

Au début du 20ème siècle, le château appartient à M. et Mme Félix Sage qui le revendent en 1927.
De 1938 à 1973, une colonie de vacances a loué le château.
Le château est aujourd'hui une propriété privée.

Le Chateau de Pieuillet
Vue du Château de Pieuillet (photo 2006)
Armoiries des familles Juge et Chessel
Armoiries sur le tombeau des familles Juge et Chessel (photo 2019)



Sources
C.Regat, F.Aubert, "Châteaux de Haute-Savoie", Collection Site et Villages, Ed. Cabédita.
J. Brunier, "Histoire de Marcellaz-en-Genevois", Bulletin des Amis du Vieux Rumilly, numéros 14 et 17.
"Si Marcellaz m'était conté", publication de l'école privée Léon-Marie.